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L’utilisation du cuivre comme pesticide d’origine naturelle, un débat

Le sulfate de cuivre est utilisé depuis le XIXe siècle en agriculture. Notamment pour lutter contre le mildiou, un champignon qui attaque la vigne et est particulièrement destructeur pour les cultures. En agriculture bio, le cuivre semble être la seule solution contre cette maladie des vignes. Quel est le débat autour de ce métal en agriculture biologique ? Quels sont ses avantages et inconvénients ? Quels sont les avis des scientifiques et des agriculteurs ?

Le cuivre et l’agriculture bio, quel est le débat ?

En France, 12% des viticulteurs sont convertis au bio et doivent faire un usage limité des pesticides. Cependant, cette restriction n’est pas facile à gérer. En effet, de nombreuses maladies touchent les productions sans pesticides.

Le cuivre est une solution efficace contre le mildiou. Malgré cela, en 2015, La Commission européenne le place sur la liste des molécules « candidates à la substitution ». À cette fin, les pays européens doivent faire son évaluation afin d’établir si des alternatives efficaces existent.

Autorisé en culture biologique, ce pesticide naturel est utilisé sous différentes formes, dont la plus connue est la bouillie bordelaise. Cette mixture est diluée dans de grandes cuves d’eau et ensuite répandue sur les vignes, grâce à des tracteurs spécialisés, de trois à quinze fois par an.

Raisin dans une vigne traitée avec du cuivre

Florent Cosme, jeune vigneron en Val de Loire, à Noizay (Indre-et-Loire), se souvient du temps où son grand-père « touillait la bouillie bordelaise à la main ».

Depuis novembre 2018, son maximum utilisable passe de six à quatre kilogrammes par hectare et par an, tant pour les viticulteurs conventionnés que pour les viticulteurs bio.

Les avantages et inconvénients du cuivre

Tout d’abord il est important de comprendre ses effets positifs ou néfastes sur son environnement.

Ses avantages sont :

  • son efficacité contre le mildiou dans les vignes.
  • c’est un oligo-élément utile au sol.

Étant un pesticide d’origine naturelle, le mildiou ne développe pas de résistance face à lui.

Ses inconvénients sont :

  • toxique à haute dose.
  • trop soluble, la pluie le rince de la feuille de vigne, obligeant les viticulteurs à renouveler son usage.

Quel effet le cuivre a-t-il sur l’environnement ? “On ne dispose pas aujourd’hui d’assez d’éléments pour mesurer l’effet du cuivre” tempère Lionel Ranjard, directeur de recherche à l’Inrae en écologie du sol et agroécologie. « C’est pour cela que certaines études sont menées. »

Lionel Ranjard sur LinkedIn
Lionel Ranjard sur LinkedIn

Les études publiques alertent sur la surutilisation du cuivre

L’ancien ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, souhaitait que le pays anticipe et prépare la diminution de l’utilisation du cuivre dans l’agriculture, notamment biologique. Des études sont donc menées afin de mieux comprendre ses avantages et ses inconvénients.  

L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) et l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), parlent des dangers potentiels de l’utilisation du cuivre dans un rapport publié en 2017. Ses effets seraient toxiques pour les plantes, la faune aquatique, les mammifères, la vie des sols, jusqu’aux viticulteurs eux-mêmes. En addition à ces informations, le rapport de l’INRAE “ Peut-on se passer de cuivre en protection des cultures biologiques ? “ publié en 2018, rejoint les conclusions de l’étude précédente. “ Il est un élément indispensable à la vie cellulaire, mais il est également toxique au-delà d’une certaine dose “.

Des avis partagés sur ces conclusions

Lionel Ranjard, pense qu’il y a un réel déséquilibre dans le sol : “ Il y a une dose naturelle de cuivre d’environ 30 mg par kilo, mais on a des zones viticoles qui approchent les 500 mg en moyenne, soit près de vingt fois la dose naturelle. Autant dire que le mal est fait “.

De son côté, Thomas Montagne, ancien président des Vignerons indépendants de France, pense qu’une réduction de son utilisation amène à la “déconversion” biologique d’environ 20 % des viticulteurs français.

Thomas Montagne sur Twitter
Thomas Montagne sur Twitter

C’est aussi ce que pense Jean-Marie Bouldy, vigneron bio à Pomerol (Château Bellegrave). “ Depuis longtemps, par mes lectures, par mes rencontres avec des gens comme Claude Bourguignon, j’ai compris que le cuivre n’était pas un métal lourd, car il est oxydable. C’est un oligo-élément nécessaire à la santé. On prend une pelle, on fait un trou dans nos vignes, on tombe sur les vers de terre… Je suis en bio depuis quinze ans. Si j’avais tué mes sols, on ne verrait pas les vers de terre.”

Photo Jean Marie Bouldy sur Le Point
Photo : Jean Marie Bouldy dans Le Point.

Certains enfin accusent les lobbies phytosanitaires d’être les vrais ennemis de son utilisation. Dans les faits, renoncer au cuivre, serait le retour à une chimie de synthèse, un marché mondial d’environ 48 milliards d’euros.

Des alternatives seraient possibles

Prenons par exemple l’utilisation de variétés de vigne résistantes au mildiou. Christian Gary, chercheur au département environnement agronomie de l’Inrae, pense que « C’est une solution à long terme. On ne peut pas replanter toutes les vignes françaises d’un coup. Il faut aussi que les appellations d’origine protégée acceptent ces nouveaux cépages. C’est toute la filière qui doit changer ».  Des expérimentations de nouvelles techniques de pulvérisation comme l’emploi de plantes ou d’huiles essentielles sont en cours, mais sans résultats convaincants. Florent Cosme pense que de grands changements pointent à l’horizon grâce aux nouvelles générations : “ Il y a un fort contraste entre les pratiques de la génération des anciens et celles des jeunes qui arrivent.

Quelle quantité de cuivre est autorisée par les labels ?

  • Eurofeuille : elle certifie le respect du règlement européen en matière d’agriculture biologique, la dose maximale de cuivre autorisée est de 4 kg par hectare et par an.
  • Agriculture biologique : elle peut être apposée à côté de l’Eurofeuille, et garantit les mêmes quantités : 4 kg par hectare et par an.
  • Demeter : cette certification internationale promeut une utilisation limitée à 3 kg par hectare et par an.

Sources :

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À propos de l'auteur : La Rédaction

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Les articles signés par La Rédaction sont rédigés par une partie de l'équipe de Brad Technology : Olivier, spécialiste technique, Elisa, agronome, et Christophe, rédacteur.
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